Traicie est une jeune start-up gantoise. Elle a mis au point un algorithme que les entreprises peuvent utiliser pour analyser les soft skills de leurs futurs collaborateurs. La seule chose que ces entreprises doivent faire est de soumettre au logiciel le CV et l’éventuelle lettre de motivation et/ou page LinkedIn du candidat.
➤ Dans quelle mesure un candidat s’intégrera-t-il à votre équipe ?
« Jusqu’ici, pour avoir une première indication de la façon dont quelqu’un appréhende le travail et interagit avec ses collègues, ou pour comprendre sa personnalité, il fallait mener d'interminables entretiens, faire compléter des questionnaires ou aller à la chasse aux références, » explique Jochen Roef, CEO de la start-up.
« Avec Traicie, ce n’est plus nécessaire. Le logiciel fonctionne sur la base du NLP ou Natural Language Processing (Traitement automatique des langues, en français). Cela signifie que l’on peut prédire, à partir de la façon de rédiger d’une personne, de ce qu'elle écrit et de comment elle le fait, comment elle se comportera au travail. Est-elle analytique ou intuitive ? Travaille-t-elle plus volontiers seule ou en équipe ? Oriente-t-elle naturellement son travail en fonction des objectifs ou plutôt suivant des processus ? Le logiciel peut aussi, de façon automatique, comparer les candidats et leur attribuer une note, ce qui permet de déterminer qui sera performant et heureux dans le job concerné. »
➤ À chacun son modèle
Cela ressemble à de la science-fiction, mais cette approche a bel et bien une base scientifique, assure J. Roef.
« L’usage de la langue et le style d'écriture sont une incroyable source d'informations sur un individu. Le NLP est d’ailleurs considéré comme une discipline scientifique dans toutes les universités réputées du monde. Lisez tout simplement le texte de quelqu'un que vous connaissez bien. Très souvent, vous remarquerez que vous formuleriez les choses de manière complètement différente, avec des mots différents, des structures de phrases différentes, plus ou moins de virgules, etc. Ces types de schémas sont quasi directement liés à la personnalité, sans que la plupart des gens ne s'en rendent compte. »
➤ Infinitifs ou verbes conjugués ?
J. Roef nous donne quelques exemples concrets. « La quantité d'infinitifs et de verbes conjugués qu'une personne utilise en dit long sur son degré d'orientation vers des objectifs ou des processus. Les personnes qui utilisent davantage l'infinitif sont plus orientées processus. Si vous utilisez beaucoup de verbes conjugués, vous êtes davantage orienté objectifs.
Il en va de même pour l’usage des virgules et de la conjonction ‘et’. Cela donne des indications sur l’importance accordée à la précision ou à la rapidité. Il existe des dizaines et des dizaines de règles syntaxiques qui dévoilent ainsi votre personnalité. Au final, le logiciel aboutit à une sorte de score : la probabilité que ce texte ait été écrit par tel ou tel type de personne est d’autant de pourcents. »
➤ Rapidité et réserve de candidats
Quels sont les avantages concrets de Traicie pour un département RH ? J. Roef en identifie deux.
« Tout d'abord, la recherche de candidats sera évidemment beaucoup plus rapide. Je connais une grande chaîne belge de magasins qui reçoit 1.000 CV par jour. Il est impossible de les traiter manuellement, notamment parce que 80% de ces CV ne sont pas pertinents.
Traicie est capable d’effectuer une première sélection dans cette pile de CV et de dire aux recruteurs : « Voici les 20% de CV que vous devriez examiner. »
Le deuxième avantage majeur est que Traicie peut élargir considérablement la réserve de candidats potentiels.
« Il existe toujours de nombreux métiers en pénurie, comme les soins de santé, l’ingénierie ou l'enseignement. Si l’on y recrute de manière classique, en se basant uniquement sur le diplôme, la connaissance du secteur et l'expérience, on ne trouve tout simplement personne et les recherches peuvent s’éterniser.
Traicie permet de sélectionner non seulement sur les compétences techniques, mais aussi sur le potentiel. »
➤ Le rôle de l’intuition
Aussi performant que soit Traicie, le logiciel ne prend pas la décision finale d'engager ou non un candidat. Cela reste une tâche humaine, aussi parce que Traicie n'est pas infaillible.
« Par exemple, il est possible que Traicie recommande un candidat avec une grande précision mais qu’il s'avère ensuite que cette personne n'est pas tout à fait adaptée au job, en raison d’attentes salariales ou de la distance domicile-travail, » explique J. Roef. « C'est ce qu'on appelle un 'faux positif'.
Les ‘faux négatifs’ existent aussi, mais ils sont exceptionnels. Traicie placera alors un candidat particulier dans la pile des ‘inadéquats’, même si ce candidat pourrait effectivement convenir pour le poste.
En définitive, les dernières étapes de la sélection impliquent des tâches humaines, pour vérifier certains éléments, effectuer des entretiens axés sur les compétences, superviser les références, etc. L'expérience et l'intuition du recruteur ont donc certainement encore leur place. »
➤ De la sélection à l’intégration
Enfin, comment J. Roef voit-il l'utilisation de l'IA évoluer dans les années à venir ? Dans cinq ans, aurons-nous encore besoin d’êtres humains pour sélectionner des candidats ?
« Dans cinq ans, oui, » dit-il. « Mais dans dix ans, je pense que les chances que cela se produise seront beaucoup plus faibles. D'ici là, il y aura tellement de données disponibles que l'ordinateur pourrait être capable de tout gérer seul.
Par exemple, on pourra non seulement faire une estimation sur la base de l'usage de la langue, mais aussi des micro-expressions d’un individu : a-t-il souri à un certain moment de l’entretien d'embauche ? Ou justement pas du tout ? Quelle était la position de la bouche ? Ou des sourcils ? Et qu'est-ce que cela donne comme indications ?
Il s'agit d'une technologie à laquelle on travaille déjà. Le rôle de l'IA va continuer à croître, mais celui des êtres humains va également évoluer. Au final, les êtres humains resteront indispensables pour assembler les pièces du puzzle en un tout cohérent. Ainsi, la sélection pure sera de plus en plus souvent effectuée par des ordinateurs, tandis que le personnel des RH sera davantage impliqué dans le processus d’intégration des candidats. »
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Le Speaker : JOCHEN ROEF | CEO & co-fondateur de Traicie
Comment la technologie RH peut-elle vous aider à éviter les erreurs de recrutement et à réduire vos coûts ?
Jochen Roef s'est donné pour objectif de rendre le recrutement plus facile, plus objectif et plus réussi grâce à la technologie. Grâce à l'Intelligence Artificielle, Traicie automatise le screening des soft skills sur les CVs. Il aide ainsi les recruteurs à trouver les bons candidats qui correspondent à la culture de leur entreprise.