Télétravail : la nouvelle norme dans les entreprises ?

Pour votre entreprise, le test a sans doute été radical : le COVID-19 a plongé vos collaborateurs en télétravail. Cette nouvelle forme d’organisation a des avantages et des inconvénients, et les conditions de travail varient autant que les situations individuelles. Du côté des employeurs comme des employés, le constat est globalement positif. Le travail à domicile devrait donc garder sa place une fois la crise passée.

En 2018, d’après une étude du SPF Mobilité, seuls 17% des travailleurs faisaient du télétravail. Mais le coronavirus est passé par là, et travailler à domicile est devenu la norme pour toutes les fonctions qui le permettent.

La Belgique est même l’un des pays européens qui a le plus adopté cette pratique pendant le confinement : d’après une étude du secrétariat social SD Worx, 62% de la population active belge était en télétravail. Soit quatre fois plus qu’en 2018 !

➤ Repenser les modes de travail

Privées ou publiques, les entreprises ont su s’adapter malgré les problèmes logistiques, informatiques ou ergonomiques soulevés par le télétravail. « Dans le secteur privé, il y a eu une très rapide adaptation, » a expliqué Olivier Willocx, Administrateur délégué de BECI (Brussels Enterprises Commerce & Industry) à la RTBF. « Et cette sortie de crise nous amène à repenser les modes de travail. »

Même chose pour la fonction publique, où le télétravail était déjà plus normalisé avant la crise. Au point que le ministre bruxellois de la Fonction publique, Sven Gatz, souhaite conserver le télétravail dans la fonction publique bruxelloise après la crise, de manière structurelle.

➤ Vers la disparition des bureaux ?

Le télétravail a fait ses preuves et certaines entreprises songent déjà à leur réorganisation : réduire la location coûteuse de bureaux, opter pour des espaces dédiés uniquement à maintenir le lien social entre collaborateurs, … Et évoluer vers un rythme où le travail à distance pourrait représenter jusqu’à 80% du temps des salariés.

Une nouvelle forme d’organisation que confirme Annelore Huyghe, professeure à la CASS Business School sur le site web de SD Worx : « Nous verrons non seulement davantage de personnes travailler de chez elles, mais nous verrons peut-être aussi la disparition de certains bureaux, une augmentation de la fréquence des réunions en ligne et sans doute aussi une diminution (…) des voyages d’affaires. »

➤ Les avantages du télétravail

Quand on travaille à domicile, les principaux avantages, pointés par les employeurs et leurs employés, sont la flexibilité et la productivité. Possibilité d’aménager son temps, moins d’interférences et donc meilleure productivité. Ceci à condition, bien sûr, d’avoir une situation personnelle qui le permet.

Pour la société en général, le télétravail est bénéfique en termes de mobilité : moins de trafic sur les routes, moins d’embouteillages et, au final, un atout évident pour l’environnement. Et pour les collaborateurs, moins de déplacements signifie aussi moins de temps perdu en transports. Avec donc davantage de temps à consacrer à la famille ou à d’autres tâches.

➤ Travailler à domicile a aussi des inconvénients

L’un des inconvénients lorsqu’on travaille à la maison est la séparation difficile entre vie privée et vie professionnelle. Pour les employés en télétravail, il est plus complexe de s’autoréguler, de gérer son temps en dehors du cadre habituel.

A cela s’ajoutent souvent des problèmes ergonomiques (pas de bureau, de chaise adaptée…) ou technologiques. Il est donc indispensable que les entreprises garantissent à leurs collaborateurs les équipements nécessaires.

Enfin, le télétravail peut générer un manque de lien social. Or, les relations entre collègues, autour de la machine à café ou lors de rencontres formelles, sont indispensables pour les collaborateurs comme pour l’entreprise. Les employeurs doivent donc mettre en place des lieux et moments qui permettent de se réunir, de façon virtuelle ou en présentiel.

➤ Contrat de confiance

Jusqu’ici, nombre d’entreprises étaient frileuses face au télétravail, surtout par crainte d’un manque de productivité. Résultat, télétravail rime parfois avec excès de contrôle.

Pour Aurore Godart, Internal Communication & HR Officer chez Zoetis, « la confiance constitue la base du télétravail. Il faut laisser les collaborateurs gérer leur temps et leur apporter un bon encadrement. Beaucoup de gens ont peur de ne pas être considérés quand ils travaillent à la maison. »

➤ Au moins un jour par semaine en télétravail

« Chez Zoetis, nous offrions la possibilité de télétravailler deux jours par mois. Le COVID-19 a précipité les choses et les mentalités évoluent. Il y a aussi une demande sur le marché du travail et les entreprises doivent s’adapter. Basé sur la confiance et l’accompagnement des collaborateurs (kits d’ergonomie, formations en gestion du temps, équipement informatique, …), le télétravail a bien fonctionné. Sa récurrence va doubler à l’avenir avec la possibilité, lorsque la fonction le permet, de travailler à la maison un jour par semaine. »

D’autres entreprises vont plus loin et envisagent même d’inverser la tendance, pour donner la priorité au télétravail.